Clara Chevalier Cueto
Thèse débutée le 1er septembre 2022 sous la direction de Florence D'Artois.
Titre de la thèse: Fêtes et spectacle pré-baroques dans les communautés religieuses féminines de l’Empire espagnol (1510 -1620)
Résumé de la thèse
Par-delà l’étude des figures éminentes de la littérature universelle que sont sainte Thérèse d’Avila et Sor Juana Inés de la Cruz, il aura fallu attendre la seconde moitié – voire la fin – du XXème siècle, pour que les philologues et historiens du monde hispanique s’intéressent en profondeur à la vie culturelle des innombrables béguinages (beaterios), couvents et institutions religieuses pour l’instruction féminine fondées dans les divers territoires de l’Empire espagnol au long du XVIème et du XVIIème siècles. Ceci alors même que du côté des congrégations masculines cette période est celle du théâtre humaniste de collège et du théâtre évangélisateur des missions dans le Nouveau Monde, étudiées abondamment du XIXème siècle à nos jours. Or dans la tradition hispanique les femmes montaient sur les planches tout autant que les hommes et, dans un temps où la scène servait autant à instruire les masses dans la doctrine catholique qu’à faire l’éducation des jeunes gens des familles nobles, les religieuses ne durent point être en reste. À ce jour, aucun ouvrage scientifique publié, à notre connaissance, ne s’est concentré sur les pratiques festives renaissantes et pré-baroques dans les communautés religieuses féminines de l’Empire espagnol. Dès lors, nous voudrions amener le constat qu’il existait des festejos chez les sœurs dès la Renaissance, constat retrouvé dans divers ouvrages en tant que préambule à l’étude, vers une étude à part entière.
Notre thèse en cours, relevant de l’histoire des arts vivants, à cheval entre l’esthétique et l’histoire culturelle, concerne les pratiques artistiques dans les fêtes des communautés religieuses féminines de l'Empire espagnol du XVIème siècle à l’aube du XVIIe siècle. Nous tenterons de reconstituer une image de la culture festive dans ces communautés, en nous demandant quelle place cet art de la fête put tenir dans leur vie quotidienne et quelles purent en être les pratiques.
Dans une vision globale du festejo, lequel, aux Siècles d’Or, était profondément ancré dans le rituel, faisant dériver les divertissements ludiques des cérémonies solennelles, et souvent indissociable des rites religieux, l’expression « spectacles et fêtes » prétend englober toute pratique des arts de la scène : jeu, chant, musique instrumentale, danse, pantomime, en tant que ces pratiques s’intégraient dans le déroulé de diverses célébrations. Par « communautés religieuses féminines » nous désignons la pluralité des institutions et de leurs habitantes. Les beaterios d’avant Trente devenant couvents et les couvents servant d’écoles, ces institutions interconnectées formaient des communautés ne se limitant point aux moniales professes, mais accueillant aussi de jeunes filles à éduquer pour le mariage, des laïques ayant choisi la vie contemplative, des bonnes et des suivantes. Il s’agira d’aller à la recherche de la culture festive partagée par ces habitantes.