Béatrice Perez
Domaines de recherche:
Histoire, Civilisation, Espagne moderne, Inquisition, Commerce, Monarchie hispanique
Présentation de la recherche
Les thématiques de recherche que je mène sont à la jonction de l’économique et du politique dans l’Andalousie de la première modernité pour mieux appréhender une société au sang-mêlé, qui – par le jeu des mouvements sociaux – projetait déjà l’esquisse palpable d’un monde ouvert et dynamique.
Je m’intéresse à l’Inquisition qui se structure au gré des nécessités royales pour devenir, au début du xvie siècle, une institution mieux réglée par des ordonnances, mieux encadrée par des Instructions, mieux servis par des hommes d’une nouvelle génération. J’essaie de comprendre cette création dans un mouvement plus ample de restructuration du royaume, par le biais d’une triple fonctionnalité, religieuse (ou « idéologique »), politique, économique et sociale.
Ainsi, en travaillant sur la minorité judéoconverse, et par un curieux effet de contre-point, je scrute, en réalité, le programme politique agencé au plus haut niveau de l’État et le sentiment religieux d’une société quotidienne vivant à l’ombre du clocher. En travaillant sur les minorités, je pose la question des écarts, comme élément à la fois de différentiation et de rassemblement des hommes : le sort réservé à la minorité – et, en premier lieu, la façon de délimiter cette minorité et de la tenir pour « minoritaire » − renseigne sur l’idéologie « majoritaire ». Les usages du religieux sur lesquels je travaille dévoilent une idéologie d’État qui a capté le sentiment du religieux pour un usage intéressé du politique. L’étude de l’Inquisition me permet d’observer un exercice royal mené en Dieu et en justice – le « poderío real absoluto » qui accompagne la construction de l’État moderne espagnol et, ce faisant, il permet de mieux saisir le théocentrisme de la monarchie catholique.
Depuis ces premiers thèmes de recherche, je n’ai cessé de réfléchir à la question complexe de la promotion des hommes et celle du contrôle du medrar par des instances étatiques. En amont de toute hiérarchie de la société, de toute hiérarchie impétrante ou nobiliaire, se trouve la question de la richesse qui s’hérite (au sein d’un ordre nobiliaire en tension) et celle qui s’acquière, propre aux monde marchand. Le monde des marchands, parfois conversos, souvent étranger, celui des réseaux inhérents à la structure mercantile, ont projeté les problématiques sévillanes vers des mondes nouveaux et hétéroclites. Ce sont, les marges européennes (Madère, les Îles Canaries, les îles américaines, Saint-Domingue ou Cubagua) ; l’Amérique et l’investissement de lignages dans la détention d’encomiendas. Ce sont encore et toujours les traditionnelles routes marchandes du vieux monde, où se joue bien souvent la politique hégémonique des Habsbourg.
Je travaille donc sur des questions sociales, engageant des transformations politiques importantes, à un moment où la monarchie se vertèbre.