Cette thèse se propose d’étudier des autobiographies féminines produites, en Espagne, dans la deuxième moitié du XVI^e siècle à la fin du XVII^e siècle, soit un corpus de neuf textes, émanant de neuf écrivaines. Le Libro de la vida de Thérèse d’Avila, dans sa seconde version de 1565, immédiatement copié et divulgué, insuffle l’écriture biographique dans l’espace religieux du couvent. Se constitue alors tout un corpus d’autobiographies de religieuses, qui, sous l’égide de leurs confesseurs, composent le récit de leur vie, pour expliciter leur lien particulier à Dieu. Des femmes telles qu’Ana de Jésus, Estephanía de la Encarnación, Ana de San Agustín, Anna Domenge, Hipólita de Rocabertí ou Mariana Francisca de los Ángeles, entre autres, prirent la plume, à la suite de Thérèse d’Avila, se frayant de la sorte un chemin dans le monde des lettres espagnoles.

              Outre l’étude critique d’un ensemble de récits de vie, il s’agira d’évaluer, dans cette thèse, la construction de figures auctoriales au féminin dans des récits à la première personne, à une époque où les femmes avaient un accès limité à la sphère de l’écriture, voire de l’écrit, afin de percevoir à travers quelles modalités d’écriture et de pensée ces religieuses défendirent une posture tantôt d’« écrivantes », tantôt d‘écrivaines, jusqu’à parvenir, parfois, à se faire une place dans le champ littéraire de leur époque.