CHAC : Cultures et histoire de l'Amérique coloniale

Responsable de la composante : Christophe Giudicelli

La dimension essentielle de notre activité de recherche consiste, sur la base de l’étude approfondie des documents produits à l’époque moderne par les royaumes ibériques, à discerner les connexions, les défis, les tensions ou les extrapolations qui ont configuré l’espace américain et les rapports aux sociétés amérindiennes, dans un processus de domination et d’intégration.

Repenser l’Histoire des Amériques depuis les marges

Historiographie/écriture de l’histoire

CHAC poursuit son axe central de réflexion sur l’écriture de l’histoire et la géopolitique des puissances ibériques aux XVIe et XVIIe siècles (mobilité et navigation, territoires, fondation des sociétés coloniales), dans une perspective d’histoire connectée reliant les échelles et une forme d’histoire globale qui se joue entre quatre continents : l’Europe, l’Amérique, l’Afrique et l’espace asiatique (Chine, Japon, Insulinde).

  • Cette réflexion privilégie une approche comparatiste et porte une attention particulière à l’étude des textes : journaux de bord, probanzas de méritos y servicios, procès, étude approfondie des chroniques, recherches en archives (écriture, sources, transcription, lexique,…) comme de la reconstitution fine de leur contexte de production.
  • Elle accorde également une attention tout particulière à la cartographie des espaces américains, que ce soit à l’échelle du continent ou d’une micro-région. Du XVIe au XVIIIe siècle, un très grand nombre de cartes ont été dessinées depuis les Amériques ou sont sorties des grands ateliers européens. Loin de n’être qu’une représentation de ces espaces, elles constituent une modalité à part entière d’écriture et de prise de possession aussi bien de la géographie américaine que de ses habitants.

Marges et confins : décentrer l’Histoire des Amériques

Un autre axe important de la réflexion de CHAC porte ainsi sur les dynamiques d’extension, de mise à l’arrêt ou, le cas échéant, de contraction de la souveraineté territoriale coloniale. La question des passages, de la pénétration et du contrôle permet d’apprécier de façon diachronique une réalité trop souvent absente de l’Histoire des Amériques à l’époque moderne, orientée de façon téléologique vers l’horizon d’une « conquête » globale en trompe-l’œil. Les centres impériaux des deux vice-royautés espagnoles et les principaux ports, y compris du Brésil portugais, ne constituaient qu’une infime partie des espaces américains. L’immensité de l’intérieur, du sud et du nord de l’Amérique, les espaces insulaires du Pacifique et les avancées asiatiques des puissances ibériques ont évolué à un rythme et selon des dynamiques sociales, économiques, juridiques et politiques très différentes. Cet axe vise à approfondir la connaissance de ce qui ne constituait de marges et de confins que selon la perspective d’un centre organisateur du discours, afin de rendre compte des dynamiques propres qui s’y sont fait jour. On privilégiera

  • Les dynamiques géopolitiques, non pas seulement du point de vue de l’expansion impériale, mais également des trames sociopolitiques locales. La problématique complexe de la guerre sera remise au cœur de notre réflexion, comme articulateur et révélateur de ces dynamiques sociales. Elle sera envisagée sous un angle qui mêlera l’anthropologie historique et l’étude matérielle de ses dispositifs.
  • La relation dialectique entre le fonctionnement vertical d’une Monarchie Catholique même polycentrique et des sociétés amérindiennes articulées selon une logique politique moins centralisée.
  • La question des représentations cartographiques de chacune de ces régions. On s’intéressera tout autant à la territorialisation coloniale qu’à la mise en évidence des enclaves et des hinterlands irréductibles à la souveraineté.

Pour une histoire interstitielle des sociétés américaines : acteurs et actrices de l’Amérique coloniale

Les dynamiques sociales, la question des acteurs et actrices du monde colonial, les mondes indigènes dans leur configuration et reconfigurations, leurs stratégies, leur géopolitique comme les multiples formes de résistance comme de collaboration, sont au cœur des préoccupations de recherche de CHAC, de ses publications et de ses séminaires de recherche doctorale. Les interactions entre les divers groupes sociaux en présence : colons, sociétés autochtones, esclaves africains, noirs marrons, groupes métis, en accordant une grande attention à la fluidité des rapports qui régissait chacun de ces groupes. Leur mobilité au sein, vers et depuis les centres de pouvoir en Amérique mais également en Europe retiendront aussi notre attention. L’accent est mis depuis 2021 sur les acteurs et actrices subalternisés du monde colonial, aussi massivement présents dans les faits que transparents dans les textes. Pilotes, muletiers, colporteurs, interprètes, missionnaires perdus en terre de guerre, Indiens blancs sont autant d’acteurs essentiels de cette histoire. Une place importante doit être donnée à la reconstitution du rôle des femmes dans ces dynamiques sociales, en dialogue avec les nouvelles tendances historiographiques qui commencent à se faire jour chez nos partenaires latino-américains.

 

 

Les titulaires de CHAC

L'équipe CHAC compte un professeur des universités, deux maîtresses de conférences et une professeure émérite.

Contact

Christophe Giudicelli

Professeur des Universités

31, rue Gay-Lussac
75005
PARIS