Hélène Thieulin-Pardo
Domaines de recherche
Moyen Âge espagnol – Historiographie des XIIIe XIVe et XVe siècles – Manuels de confession – Discours religieux – Femmes de pouvoir – Correspondance des femmes au Moyen Âge – Édition de sources médiévales - Représentation du Moyen-Âge dans le roman historique contemporain
Présentation de la recherche
Mon champ de recherche est quadruple.
Je me suis intéressée pendant les premières années de ma carrière à l’histoire religieuse au moyen âge en péninsule Ibérique, champ que j’ai exploré essentiellement à partir de la pratique de la confession à travers les « manuels » et « sommes » de confession des XIVe et XVe siècles. Dans mes travaux initiaux (doctorat), et dans les prolongements que j’ai souhaité y apporter par la suite, mes recherches ont porté sur le gouvernement des consciences par la pratique de la confession fréquente, imposée à tout l’Occident chrétien en 1215 par les directives du IVe concile du Latran, mais dont les échos ne se font entendre dans l’espace castillan qu’après 1322 et la tenue, à cette date, du Concile de Valladolid. D’une analyse initiale consacrée aux moyens que le clergé avait mis en œuvre pour obtenir des fidèles des aveux complets, à cette « pédagogie de l’aveu » que les clercs avaient minutieusement élaborée – notamment par une casuistique tendant à l’exhaustivité – mes études plus récentes ont évolué vers d’autres voies d’interprétation de ce type de sources que la critique a longtemps tenu dans un relatif silence, hors du champ des historiens de l’Église ou des spécialistes du droit canon.
Le deuxième champ d’étude que j’ai exploré est celui du discours historiographique et la représentation du passé. Je me suis intéressée, selon diverses thématiques, aux chroniques royales et particulières des XIIe, XIIIe et XVe siècles, et j’ai cherché à déterminer les enjeux politiques de ces écrits. Mes contributions sont fondées sur l’analyse des constructions narratives, des procédés de réécriture et de réinvention du passé historique, voire de détournement et de remaniement, sur l’étude de la composition des œuvres et de l’utilisation de leurs sources. Je me suis toujours efforcée d’interroger le contexte social et politique ainsi que les circonstances culturelles dans lesquels le discours historique était produit.
Le troisième champ de recherche s’est défini progressivement dans mon parcours et grâce aux équipes de recherches auxquelles j’ai été rattachée : il s’agit de l’histoire des femmes au Moyen Âge. Dans ce champ, je me suis intéressée tout particulièrement à la correspondance des femmes médiévales dans le cadre d’un programme mené pendant plusieurs années [« MISSIVA : Lettres de femmes dans l’Europe médiévale (Espagne, France, Italie, Portugal, VIIIe-XVe siècle) »], un programme que j’ai coordonné avec Jean-Pierre Jardin (U Sorbonne Nouvelle-Paris 3) et Patricia Rochwert-Zuili (U. d’Artois), en collaboration avec la AEIHM (Asociación Española de Investigación de Historia de la Mujeres), le SMELPS (Seminário Medieval de Literatura, Pensamento e Sociedade) et l’EHEHI-Casa de Velázquez et qui a pris fin en décembre 2022 (« programme pluriannuel » pour la période 2018-2021/2022 : Voir https://www.casadevelazquez.org/en/research/cientific-programs-ehehi/axe-iii-patrimoines-heritages-reecritures/missiva/missiva/). Mes recherches ont porté, dans le cadre de ce programme, sur les différents liens – politiques, familiaux, personnels – que les femmes ont établi à travers leur correspondance, et ont cherché à identifier le type d’informations qu’elles ont été chargées de transmettre. J’ai participé à plusieurs rencontres en présentant les résultats de mes recherches dans les archives de la Couronne d’Aragon de Barcelone, en étudiant, d’une part, quelques lettres inédites de reines et d’infantes rédigées au cours des vingt premières années du XIVe siècle et, d’autre part, la correspondance privée de trois infantes aragonaises, filles du roi Jacques II d’Aragon.
Enfin, mon intérêt pour l’édition des textes médiévaux m’a conduite à réaliser l’édition de l’un des manuels de confession que j’ai étudiés, et que j’ai désigné sous l’appellation Confesionario, version abrégée au XVe siècle du Libro de las confesiones de Martín Pérez daté de 1316, et dont l’originalité consiste en un examen de conscience ad status orienté essentiellement vers les activités commerciales et artisanales en milieu urbain. Cette édition est librement consultable en ligne (site e-Spania Books, open access). Je souhaite également pouvoir mettre à disposition des chercheurs en ligne dans un avenir proche l’édition du Libro de las generaciones y linajes de los reyes (olim Liber regum), première généalogie historique écrite en langue vernaculaire en péninsule Ibérique dans les premières années du XIIIe siècle et je travaille, avec l’un de mes doctorants, Constant Ranoux, à l’édition critique d’un texte historiographique du XVe siècle, le Tratado que se llama compilación de batallas campales (1481) de Diego Rodríguez de Almela.
En sus de mes recherches énoncées ci-dessus, j’ai consacré quelques travaux à la réception du Moyen Âge à l’époque contemporaine, notamment à travers le roman historique.