Au cours des XVIe et XVIIe siècles, le développement de vastes réseaux de clientèles à travers l’empire ibérique est allé de pair avec le constant réajustement à Madrid des outils de gouvernement. La tendance, d’une part, au développement d’un système d’information fondé sur l’allégeance et, d’autre part, la nécessité d’adapter les normes et les procédures de gouvernement aux contingences du politique ont conduit à l’émergence de compétences adaptables et à une grande flexibilité des modalités de résolution politique. Nous savons désormais que la capacité d’action, ou de réaction, de la monarchie hispanique ne résidait pas dans la puissance coercitive de sa structure mais dans sa flexibilité et dans le dynamisme social que cette dernière induisait.
Il s’ensuit que, bien davantage que sur un substrat préconçu de connaissances et d’expériences rendant apte à l’évaluation, l’expertise semble prendre appui sur la perpétuelle nécessité d’asseoir les décisions sur des informations fiables et des données « justes ». Or la valeur des choses comme celle des informations variant naturellement en fonction des espaces, c’est une multitude de procédures et de compétences spécifiques qu’il convient d’envisager. Socle commun de toutes les sociétés composant l’empire espagnol, dire le « vrai » et être tenu pour « expert » constituait à n’en pas douter l’un des enjeux politiques, sociaux et économiques majeurs des siècles modernes.
C’est à ces différentes « technicités » que s’intéresse ce dossier monographique, et sur leurs rapports au pouvoir, notamment en termes juridiques, technologiques et méthodologiques.
ANDRÉ Sylvain, MALAVIALLE Renaud (coords.), « Procédures d’évaluation et compétences dans l’Espagne moderne », e-spania, n° 34 (juin), 2019, URL : https://journals.openedition.org/e-spania/30637