Ce livre est consacré à l’histoire des populations indigènes du nord-ouest de l’Amazonie depuis la fin du XVIe siècle jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Plus exactement, notre objet d’étude concerne le rôle et l’évolution des chefferies indiennes dans le double contexte des relations interethniques et des entreprises coloniales européennes. Au cours de cette période, les grandes puissances européennes – France, Angleterre, Espagne, Portugal et Hollande – se sont employées à accroître leur domaine colonial en Amérique du Sud. C’est ainsi qu’on assiste, d’une part, dès le début de la conquête des terres américaines, à un processus de transfert dans les aires de colonisation des conflits politiques qui opposent les grandes puissances. D’autre part, les missionnaires portugais ont implanté systématiquement des villages de catéchèse au sein des populations indigènes pour ouvrir la voie à la colonisation portugaise et à une première urbanisation de la vallée de l’Amazone. Toutes ces interventions tirent parti des réseaux politiques indigènes et tiennent compte des hiérarchies internes et des positions de pouvoir autochtone qui existaient au moment de l’arrivée des Européens. Missions et expéditions militaires entraînèrent des guerres interethniques en faisant des chefferies indigènes des médiateurs préférentiels.