COLLOQUE : Aux frontières du système linguistique : quel statut pour l’énoncé marginal ?
Colloque international organisé les 23 et 24 novembre 2017 par la composante RELIR (Recherches en Linguistique Ibéro-Romane).
Coordination : Corinne Mencé-Caster, María Jiménez, Marie-Pierre Lavaud
Linguistes, grammairiens, traductologues, historiens des langues, nous nous heurtons régulièrement dans nos travaux à des énoncés authentiques qui nous apparaissent comme des infractions aux lois ou aux normes fondamentales de la langue, qu’il s’agisse de l’espagnol, du français ou du portugais.
La difficulté à dénommer ces énoncés est déjà un signe de leur position marginale et problématique : « énoncé inacceptable », « phrase agrammaticale », « construction limite ou douteuse », « anomalie orthographique »...
Ce flou terminologique traduit surtout de la part des chercheurs, une volonté de ne pas jouer aux censeurs face à ces bizarreries du discours, auxquelles pourrait être appliqué le vocabulaire de la sanction grammaticale : « barbarisme, solécisme, faute d’orthographe » et autres fautes de sens.
Nous vous proposons donc d'affronter ces énoncés anormaux que nous tendons à reléguer volontiers aux marges du système, de tenter de cerner les mécanismes qui les engendrent et assurent leur pérennité et de chercher à identifier et répertorier les besoins auxquels ils répondent auprès des locuteurs qui les emploient couramment.
Il s’agit ainsi d’évaluer la résistance et les limites de nos outils ordinaires d’analyse face à ces énoncés singuliers et d’examiner en retour ce qu’ils nous disent de leurs homologues que nous tenons pour « réguliers, corrects, acceptables ». Les pathologies ne sont-elles pas le meilleur révélateur de l’organisation profonde et du fonctionnement attendu d’un organisme ?