Résumé
Ce livre traite de l’historiographie royale des territoires chrétiens nord-occidentaux de la péninsule ibérique (Asturies, León, Castille et Navarre) ainsi que de son satellite “cidien” entre la fin du IXe siècle et celle du XIIe. Fondamentalement, la perspective est celle d’une interprétation sémantique orientée par le fait que jusqu’à une date très avancée du XIIIe siècle –au vrai, jusqu’à la composition des Sept parties–, l’historiographie fut, en péninsule ibérique, la principale forme du discours politique. Mais définir l’intention politique d’une œuvre du haut Moyen Âge participe d’une opération globale qui inclut la détermination d’un contexte de composition, laquelle, bien que relevant d’une méthodologie spécifique, est, elle aussi, liée à la question du sens. L’élucidation génétique constitue une dimension majeure de ce livre, voire sa visée dominante dans le cas de l’énigmatique historiographie que suscita le Campéador. Elle est aussi la plus polémique, à cause du peu de données qu’offrent les œuvres du haut Moyen Âge sur les circonstances de leur production. Le propos n’est nullement de fournir au lecteur un panorama interprétatif. Il s’agit au contraire de proposer des études ponctuelles et fouillées portées, soit par l’importance de la proclamation politique qui habite une source, soit par l’intérêt que présente une dimension particulière de son sens, soit par l’intensité des débats que suscite sa composition parmi les spécialistes. L’ouvrage n’en présente pas moins une profonde unité puisque l’analyse de chaque œuvre suppose celle de sa contexture avec d’autres, témoignant du continuum fonctionnel du savoir historique mais aussi de la logique de son renouvellement constant. Une fois le livre achevé, il vient se fondre dans l’entrecroisement perpétuel de créations et de lectures –dans le fil infini– qui est et que génère l’historiographie médiévale.