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Andalucía atlántica. Nuevas miradas, nuevos horizontes

Andalucía atlántica. Nuevas miradas, nuevos horizontes
27 / 11 / 2017
01 / 12 / 2017
Séminaire
CHAC : Cultures et Histoire de l'Amérique Coloniale, CHECLA : Civilisation et histoire de l'Espagne classique

 

 

PROJET FORMINNOV  

FORMHIS

[Formation Internationale en Histoire]

Sorbonne / Sevilla / Sanlúcar

 I – Objectifs pédagogiques du projet 

  • Objectifs pédagogiques

Les objectifs pédagogiques de cette formation intensive d’une durée d’une semaine sont simples et complexes à la fois. Il s’agit, en premier lieu, de permettre aux étudiants de Master / Doctorat – l’UFR d’Études Ibériques (équipe CLEA) et l’UFR d’histoire (Centre Roland Mousnier) – d’acquérir des compétences méthodologiques nécessaires à la poursuite de leurs recherches (lecture paléographique ; exploitation des sources ; analyse et méthodologie documentaire). En second lieu, la formation propose une série de cours resserrés autour d’une thématique qui recoupe les enseignements de nos Master Recherches de l’Institut d’Études Ibériques, du département d’Histoire et du Máster de estudios históricos avanzados de l’université de Séville « Andalousie atlantique : des hommes ; des techniques et des horizons ».

  • Brièveté, intensité

La période proposée est courte et la formation, intensive : 14h30 de pratique paléographique dans les archives de la Fundación Casa de Medina Sidonia (FCMS), sises à Sanlúcar, l’un des dépôts d’archives nobiliaires les plus importants d’Europe (voir ci-dessous) ; 17 heures de cours et conférences à l’université de Séville dispensés en quinconce par des enseignants de l’université de Séville et par des enseignants de l’université Paris-Sorbonne.

  • Formation bi géographique, double compétence (pratique et théorique)

Le caractère bi géographique de la formation pareillement est pensé. Dans un premier temps, à Sanlúcar, durant trois jours se dérouleront les sessions pratiques, dans le palais des Medina Sidonia, lieu de conservation des archives de la FCMS. Cette mise en situation pratique, localement, au contact même des fonds nous semble nécessaire à la compréhension de ce qu’est un corpus historique et de la façon de le constituer. Il s’agit d’acquérir, durant cette première phase, une compétence qui est à la fois un savoir-faire et une plus-value pour nos étudiants.

Dans un deuxième temps, la formation se poursuit à l’université de Séville où seront abordés les aspects théoriques. Ceux-ci sont nécessaires, afin de comprendre au plus juste combien le savoir-faire (la lecture paléographique) en soi ne vaut rien si l’on ne sait comment analyser le document, comment le mettre en perspective et construire son exploitation scientifique.  Pour une question de cohérence de nos formations de Master, au regard de leur thématique à Paris et à Séville, nous avons choisi un chapeau général « Andalousie atlantique : des hommes ; des techniques et des horizons » sous lequel s’articulent les cours en trois axes :

Des fondements économiques et de la projection sociale ;

Des acteurs et des réseaux ;

Des échanges culturels.

  • Internationalisation : une dynamique structurante pour un projet de Master international

Le caractère international de cette formation en Andalousie est, d’un point de vue pédagogique, structurant pour notre propre Master. En effet, cette école est la troisième que nous mènerons en partenariat avec les archives de Medina Sidonia, et la seconde qui sera menée avec nos collègues sévillans. Elle suppose, pour nous, de souder plus encore les liens qui unissent nos équipes de recherches (ANDATLAN et CLEA), et par voie de conséquence, lient les Master Recherches et Doctorat entre eux, celui de Séville, Máster de Estudios Históricos Avanzados, et les nôtres, Master Recherches de l’Institut d’Études Ibériques et Master Recherche du département d’histoire.

Cette formation a vocation à insérer des masters d’histoire et de civilisation dans une perspective internationale européenne du Sud, tout en fédérant des forces et des dynamiques de recherches. Ainsi, les synergies de recherches sont désormais fortes : nos collègues sévillans interviennent dans nos master parisiens (José Jaime García Bernal et Juan José Iglesias Rodríguez) ; ils sont nos collaborateurs scientifiques pour la plupart de nos manifestations de recherches et nos interlocuteurs privilégiés dans le cadre du montage de projets à plus long terme, qui murissent lentement et solidement. Cette formation pérennise et conforte donc cet habitus de travail pour créer le ciment susceptible de construire un Master international.

II – Dimension innovante du projet 

Le projet que nous présentons est innovant à double titre.

  • Formation paléographique : une compétence qui prolonge NUMA (programme Humanité Numérique de Sorbonne Universités)

Il s’agit d’assurer une formation paléographique pratique qui n’est guère enseignée à Paris dans les universités, pas même – pour l’heure – à l’École des Chartes, qui assurent des séminaires paléographiques de langues française et italienne. Les étudiants des équipes CLEA / Centre Roland Mousnier sont ainsi demandeurs de formation de ce type, payantes par ailleurs lorsqu’ils souhaitent trouver à se former, et organisées souvent par des institutions en ligne. Les étudiants d’histoire de l’université de Séville, pour leur part, jouissent d’une formation paléographique inscrite dans leur cursus, mais ils sont pareillement soucieux de poursuivre des stages intensifs du type de celui que nous souhaitons mettre sur pied avec nos collègues sévillans.

Ce programme intensif, cela s’entend, ne prétend pas combler en quelques jours tous les manques de nos étudiants, mais il les familiarise fortement avec les outils d’analyse et les documents, démystifiant, du même coup, la difficulté qu’ils éprouvent à partir dans les dépôts étrangers pour la constitution de leur propre corpus. De la sorte, ils acquièrent une autonomie renforcée, même dans l’utilisation de corpus digitalisés en ligne. Et cela nous semble vital à la viabilité de nos Master et pour nos doctorants. C’est ainsi une compétence de première importance qui, combinée à la maîtrise des techniques d’analyse et d’exploitation des sources, est structurante autant pour nos Master internes et formation doctorale que pour la politique de formation de Sorbonne Universités pleinement inscrite dans une projection européenne privilégiée. Cette école est, en somme, un prolongement et une des ramifications du projet d’Humanité numérique NUMA (Numérisation des archives notariales de Málaga, XVIe siècle) porté par Sorbonne Universités et partie intégrante du « Portail Documentaire ». Durant cette formation, nous aborderons des documents de NUMA, pour contraster la nature différenciée des fonds et des archives.

  • Formation théorique : un « enseignement par thèmes »

En outre, du côté de l’université Paris-Sorbonne, cette formation intensive mêlant des étudiants d’histoires médiévale et moderne du Centre Roland Mousnier, des spécialistes d’histoires coloniale et moderne de CLEA, crée entre nos deux équipes, nos deux départements, des capillarités qui nous nourrissent tant pour la formation commune (chaque année, des étudiants d’histoire suivent les séminaires de civilisation moderne espagnole et inversement) que dans l’élaboration de projets de recherches communs. Du côté de l’université de Séville, le Master est soutenu par une structure de recherches dynamique financée par la Junta de Andalucía, dans le cadre du programme EEES (Espace Européen d’Éducation Supérieure), et la formation se fait en lien permanent avec les thématiques de recherches du projet I+D ANDATLAN (financé par le Ministerio de Economía y Competitividad), assurant la solidité du projet ici élaboré.

Les 12 étudiants seront choisis au sein des équipes CLEA et Centre Roland Mousnier en vertu de leurs champs d’études et de leurs motivations. Il va sans dire que pour beaucoup, ce regard croisé qui devient réalité est une ouverture scientifique, en même temps que l’espoir d’une formation d’un genre nouveau, qui ne soit ni totalement théorique, ni totalement en salle. Voir un dépôt d’archives et en comprendre sa cohérence et la légitimité de son lieu de conservation nous semble le meilleur gage d’un apprentissage réussi pour la propre constitution du corpus préalable à leurs travaux.

  • De la convention entre l’université Paris-Sorbonne / FCMS

Enfin – et le point n’est pas négligeable –, par cette formation intensive en archives, nous faisons vivre la convention qui lie la Fundación Casa Medina Sidonia (FCMS), des archives de Medina Sidonia, à Sanlúcar et l’Université Paris-Sorbonne. Cette convention a été signée par le président Georges Molinié, puis confirmée par le président Barthélémy Jobert, et elle fait de nous, pour notre grande chance, des partenaires privilégiés de la FCMS.

Le choix de la FCMS s’explique par la richesse et la variété des fonds de ces archives nobiliaires. À ce jour, les archives de la maison Medina Sidonia rassemblent 6.317 liasses et quelque six millions de documents, dont les plus anciens remontent au début du XIIe siècle. Ce sont là les archives patrimoniales les plus complètes, les plus riches et parmi les mieux cataloguées d’Europe pour l’Époque moderne (xvie-xviiie siècles). De fait, ces archives nommées « Fonds de la Maison de Medina Sidonia » concentrent, en réalité, les fonds issus de diverses maisons nobiliaires européennes de premier plan :

- les Medina Sidonia (qui ont veillé sur le détroit de Gibraltar, l’Afrique du Nord et les îles Canaries et ont occupé de nombreuses charges diplomatiques et militaires − amiral de l’Invincible Armada − et ont entretenu des liens très étroits avec le Portugal) ;

- les Vélez Fajardo (qui ont occupé d’importantes charges militaires, diplomatiques et curiales dans la monarchie et à la cour des Habsbourg de Vienne) ;

- les Requesens Martorell (dont les charges prestigieuses de certains dignitaires tissent des liens étroits avec les Pays-Bas et l’Italie, à Rome comme à Naples) ;

- les Montalto, Aragón y Moncada (liés à la principauté de Paternó et au duché de Bivona, en Sicile) ;

- les Villafranca de Toledo (dont les premiers documents datent de 1128, et dont les titulaires furent, au temps de l’empereur Charles Quint, vice-roi de Naples, et, par la suite, gouverneur du Milanais, ambassadeur auprès du roi de France, vice-roi de Sicile, etc.). Différents membres de ces maisons nobiliaires ont occupé, par ailleurs, à l’Époque moderne, des charges importantes dans les territoires de l’Amérique hispanique.

Pour les masters et futurs doctorants, ces archives permettent tout bonnement de comprendre comment s’étendent, en Europe, les réseaux des grandes familles, les charges et les papiers afférents ; mais aussi, plus largement, le fonctionnement de la monarchie espagnole, de la Castille à l’Italie et à l’Amérique ; le mode de production de la documentation, son organisation et la nature d’une grande diversité de sources.

III – Descriptif du projet

  • Pérennité, viabilité

Après deux expériences d’échanges et formation menée dans les archives de la FCMS, l’une menée par Béatrice Perez et Bertrand Haan en 2013 (« Formation par la recherches dans les archives ») ; l’autre menée par Araceli Guillaume-Alonso et José Jaime García Bernal en 2016 – et portée déjà par Sorbonne Universités – (« École Internationale. Andalousie atlantique : de Séville à Sanlúcar, vers des mondes nouveaux »), il nous semble impératif de poursuivre cette formation pratique et théorique, à la rentrée prochaine (une formation intervenant par cycle de Master, tous les deux ans) afin qu’elle acquière ce caractère pérenne que réclament les étudiants s’inscrivant en Master. Ce sont eux, au demeurant, qui plébiscitent ce type d’initiative et manifestent clairement leur enthousiaste pour ce genre de formation intensive. Beaucoup ont exprimé leur désir de s’inscrire, et sans cette perspective qualifiante, il faut craindre une perte de légitimité de notre formation en civilisation et histoire moderne. En effet, que deviendrait le semestre de « Méthodologie de la recherche. Paléographie et vie quotidienne à l’époque moderne » ? Que deviendrait NUMA ? Pour ancrer les choses dans des pratiques et habitus de vie, pour que tous ces projets déjà menés et portés par Sorbonne Universités constituent solidement, ensemble, un socle, il faut de la pérennité et du souffle sur la durée. Cette formation arriverait au moment opportun pour souder nos échanges scientifiques (Formation / Recherches) avec nos collègues sévillans, pour fédérer des synergies entre étudiants parisiens et espagnols, puis entre collègues de diverses universités et départements. Par ce biais, nous structurons et construisons une formation commune diplômante qui a vocation à déboucher sur un Master Internacional.

  • Phase exploratoire vers un Master International

Dans le cadre des échanges que CLEA (dans ses composantes « Civilisation et Histoire de l’Espagne Classique », CHECLA ; « Civilisation et Histoire de l’Amérique coloniale », CHAC) entretient avec les collègues d’histoire moderne de l’université de Séville, nous souhaiterions nous engager vers un projet de Master International, puis de Doctorat International. Ces mots sont lourds de sens, je le mesure aisément, et les projets qu’ils mettent en œuvre imposent de la réflexion, de la conviction et de l’allant sur la durée. De fait, nous ne nous sommes pas enthousiasmés à la légère, ni de façon précipitée. Engager l’équipe vers ce type de collaboration pérenne demande beaucoup de pondération, et celle-ci arrive à point.

Ainsi, depuis plusieurs années, les membres de CLEA / CHECLA se sont investies, à titre individuel (particulièrement deux personnes, Araceli Guillaume-Alonso et Béatrice Perez ; Bertrand Haan, ou Sylvain Lloret, du Centre Roland Mousnier), dans des collaborations qui se sont avérées fructueuses : participations à des Écoles Internationales communes ; colloques communs à Séville et à Paris ; inscription de Béatrice Perez dans le projet de recherche « Andalucía en el mundo atlántico » soutenu par le ministère espagnol, etc. Ces années de recherches en quinconce nous ont permis de nous observer ; de voir comment s’agence la recherche dans l’université partenaire de Séville ; d’observer aussi les modes de travail et d’insertion des étudiants de Master et des doctorants dans l’équipe locale. Pour ce type d’initiative, les liens doivent être solides et basés sur la confiance.

À titre collectif, la seconde étape fut celle des Écoles Internationales (deux menées conjointement entre modernistes de Séville et membres de CLEA – civilisationnistes de l’Espagne moderne et spécialistes de l’Amérique colonialiste –) afin d’inclure les étudiants dans l’aventure et de jauger leur intérêt pour ce type d’ouverture internationale et d’échange. Les expériences ont été concluantes au centuple :

  • au niveau de la formation d’abord. Nous avons observé que nos propres étudiants, dans la confrontation avec leurs homologues sévillans, ont mesuré certaines de leurs lacunes, et aussi beaucoup de leurs atouts. Leurs lacunes, nous tentons d’y remédier en leur offrant un cours de Master dans lequel la paléographie est importante et l’étude du document historique, centrale, donnant lieu à une connaissance plus « sociale », plus « humaine », plus « viscérale » de l’Espagne et de l’Amérique moderne, une histoire sans doute plus charnelle que la maîtrise des simples rouages de la construction étatique. Leurs atouts, ils en ont pris conscience dans la confrontation avec des étudiants issus d’une autre formation, et cela leur a donné le sentiment d’une nécessaire complémentarité. Beaucoup ont conservé des liens de recherches et se déplacent, à Séville et à Paris, ce qui est le gage d’une « communauté d’intérêts étudiants » intéressante et porteuse.
  • au niveau de l’enthousiasme, de la prospective ensuite. Ils n’ont cessé de dire combien les expériences passées leur avaient ouvert des perspectives nouvelles et des désirs d’autres formes d’apprentissage, tout en déplorant le caractère bref de l’expérience – et aléatoire, en vertu du soutien de Sorbonne Universités et de l’énergie à penser et monter ce genre de projet –.

Ces deux expériences étaient importantes, car ce sont là des projets qui engagent les étudiants et qui, sans eux, n’ont aucun sens. Ils sont le moteur, le but, l’aspiration ; et sans cette attente et ce désir qu’ils expriment, l’expérience aurait montré d’elle-même ses limites.

Pour mêler plus avant la formation et la recherche dans le cadre du Master International, nous avons monté un projet de « Séminaire International de Recherches » entre l’université de Séville, l’université de Venise Ca ‘Foscari et l’université Paris-Sorbonne, centré autour de la figure du marchand (Mercader. Perfiles). Ce « Séminaire International de Recherches » vient d’être sélectionné par Sorbonne Universités. Dans le cadre de la première rencontre qui aura lieu à Séville, interviendront des étudiants de Master et des doctorants de CLEA, qui participeront pareillement au projet FORMINNOV. De la sorte, les brins se tissent entre eux pour permettre une construction – humaine déjà, mais c’est sans doute l’essentiel – de Master International.

Il me semble désormais qu’il n’est pas abusif de dire que les conditions, à titres individuel et collectif, sont parfaitement réunies pour construire ce Master pour et avec les étudiants. Cette phase – prélude seulement – n’était ni anodine ni jouée d’avance, car en vérité, ce temps long fut aussi celui d’une conviction patiemment construite, de part et d’autre, entre nous, collègues, du ferme désir d’engager nos étudiants ensemble, vers une formation cohérente, permettant de travailler sur des projets communs et des thématiques voisines.

 

Localisation :

Universidad de Sevilla
Calle San Fernando, 4,
41004
Sevilla