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La « paix des dames » en péninsule ibérique au moyen âge (Xe-XVe siècle)

La « paix des dames » en péninsule ibérique au moyen âge (Xe-XVe siècle)
15 / 11 / 2013
16 / 11 / 2013
Colloque

Justice et paix sont au moyen âge les deux aspirations les plus fondamentales de la bonne gouvernance. Or, si l’idée de justice fait l’objet de définitions anciennes et conceptuellement élaborées, la paix n’est pas loin de constituer un blanc de la pensée politique pratique. Le plus souvent, elle est perçue, très empiriquement, comme une absence de conflit ou de désordre, et c’est plutôt dans ses fondements spirituels voire dans ses causes les plus immédiates qu’elle mérite un commentaire. Mais qu’est-ce que la paix et de quelles pratiques relève-t-elle ? Trois propos dominent, concernant trois modalités de la gouvernance. D’abord l’idée d’une paix intrinsèquement liée à l’exercice de la justice. Émanant des écrits isidoriens et des codes wisigothiques, l’idée que l’exercice de la justice par la puissance royale suffit à assurer la solidarité des hommes du royaume et l’entente entre le prince et ses sujets traverse tout le moyen âge ibérique. Mais l’historiographie, comme du reste la documentation, attestent l’existence de deux autres espèces de paix. Il est, bien entendu, la paix imposée par la force ou fondée sur la loi du plus fort. La paix est alors unilatérale et se construit sur des conflits latents, voués à resurgir. Un thème de réflexion parcourt ce paysage : que vaut-il mieux pour le prince, être aimé ou être craint ? Être craint peut ramener, au premier signe de faiblesse et comme fatalement, au conflit et au désordre ; mais la crainte initiale et fondatrice peut aussi susciter, à la longue, un ordre stable, durable et juste. Un troisième type de paix naît de la résolution négociée des conflits. Cette procédure est beaucoup plus déterminante qu’on ne le conçoit couramment : non seulement elle se trouve à la base de la paix entre les royaumes et, au sein de chaque royaume, de la paix entre les puissances sociales et politiques, mais elle constitue le facteur génétique le plus fondamental et le plus constant de la création institutionnelle et de la construction de l’État. Dans cette perspective nouvelle, un phénomène très remarquable est le rôle que semblent avoir joué les femmes – mères, épouses et sœurs de rois ou de grands – dans les négociations de paix. Pourquoi ? Quelles furent leurs motivations et leurs ressources spécifiques ? De quelles autres forces furent-elles l’instrument ? Quelques questions, parmi beaucoup d’autres, qui mériteront d’être soulevées à l’occasion de notre colloque. Celui-ci voudrait aborder la question de la paix par une approche oblique et rentable : non pas à travers les grands acteurs des conflits, non pas sous l’espèce de « la paix des braves », mais, par le biais des grandes absentes de la guerre, au titre d'une intervention féminine, de « la paix des femmes ».

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Université Paris-Sorbonne
75005
Paris